Stratégies pour détourner les encombrants de l’enfouissement

La Ville de Montréal s’est engagée à accélérer la transition écologique dans son plan stratégique Montréal 2030 et son Plan climat 2020-2030, entre autres en tendant vers un avenir zéro déchet, plus durable et propre pour les générations futures. En signant la déclaration Advancing Towards Zero Waste dans le cadre du C40 Cities, Montréal a confirmé cet engagement à tendre vers une agglomération zéro déchet d’ici 2030, grâce à la réduction à la source avant tout, par une baisse de 10 % de la génération des matières résiduelles d’ici 2025, et en augmentant le détournement des matières résiduelles de l’enfouissement pour atteindre 70 % d’ici 2025, par le réemploi et le recyclage. Parallèlement, la Ville de Montréal s’est engagée à accélérer la circularité de son territoire notamment avec la Feuille de route montréalaise en économie circulaire 2024-2030. Une des six catégories d’action préconisées par le Plan directeur de gestion des matières résiduelles (PDGMR) vise à augmenter la récupération et la valorisation des résidus de construction, rénovation et démolition (CRD). Selon le Rapport sur l’écart de circularité de Montréal (Circle Economy, 2024), le secteur de la construction est celui qui contribue le plus à la consommation de matières premières à Montréal, représentant 31 % de l’empreinte matérielle de la Ville. La Ville souhaite maximiser les leviers à sa disposition et mettre en place les conditions permettant de réduire l’élimination et d’accroître la circularité sur son territoire. Elle recherche donc des solutions innovantes de la part d’entreprises d’économie sociale prêtes à transformer leurs modèles d’affaires en cohérence avec ces objectifs. Plus spécifiquement, ce défi vise à améliorer la circularité des encombrants ou leurs composants, et à en réduire l’élimination.

Actuellement, les services municipaux proposent deux façons de se départir des encombrants d’origine résidentielle à l’échelle de l’agglomération montréalaise : la collecte en bordure de rue et le réseau d’écocentres. La collecte des encombrants valorisables (excluant notamment les objets volumineux rembourrés tels que les matelas ou les canapés) est opérée en même temps que la collecte des résidus de construction, rénovation et démolition. Elle est effectuée manuellement, avec des camions à chargement arrière (camions-tasseurs) qui sillonnent l’ensemble des rues d’un arrondissement afin de ramasser les résidus de CRD et les encombrants déposés en bordure de rue, conformément aux règles en vigueur. Malheureusement, cette approche de collecte limite de façon importante les quantités qui peuvent être valorisées. D’une part, même si des meubles ou des électroménagers ont un potentiel de réemploi, celui-ci est perdu une fois les articles déposés dans le camion-tasseur. D’autre part, le centre de tri où sont dirigés les chargements de ces collectes n’a pas les capacités de démanteler les objets composés de différents matériaux. Certains encombrants « multimatières » se retrouvent donc exclus du processus de tri. Les encombrants étant mélangés aux résidus de CRD lors de la collecte, la quantité exacte d’articles collectés n’est pas connue. Cependant, ces collectes représentant annuellement 30 000 tonnes toute matière confondue, on peut facilement estimer que les encombrants récupérés en bordure de rue représentent plusieurs milliers de tonnes. Les encombrants non valorisables (et notamment les objets volumineux rembourrés), eux, sont collectés avec les ordures ménagères.

Des encombrants sont aussi récupérés à travers le réseau d’écocentres du territoire. Dépendamment de leur composition, ils sont déposés dans les conteneurs destinés au centre de tri des résidus de CRD, dans le métal ou dans les conteneurs « résidus de CRD non valorisables », destinés à l’enfouissement. Des solutions sont aussi recherchées pour maximiser la valorisation de ces derniers. Un projet-pilote de 6 mois a été mené pour mettre en place une unité de démantèlement d’encombrants et de résidus de CRD. Les meubles rembourrés, chaises, sommiers et autres mobiliers représentent 80% du tonnage des catégories visées par le démantèlement (voir Autres informations pertinentes pour la liste complète). Ce projet a permis d’estimer qu’environ 21 % du volume des conteneurs de résidus de CRD non valorisables de l’écocentre Lasalle sont des encombrants mobiliers, soit un volume compris entre 2 000 et 5 600 m3. De plus, ce projet de démantèlement a démontré que le bois et les métaux représentaient 70% du flux captable de ces matières.

Afin d’accroître la valorisation des encombrants d’origine résidentielle et de leurs composants sur son territoire, la Ville de Montréal recherche des solutions innovantes de gestion de ces articles, notamment par des approches de réemploi, de réparation ou de démantèlement (afin de récupérer les éléments valorisables).